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Nouveau système monétaire

@dav 21/04/2022

Dans cette revue de presse j'essaie de répertorier les données factuelles en une suite logique.

Sanctions et contre-sanctions

Dès le début de la guerre, les sanctions économiques contre la Russie sont prononcées et prennent principalement forme d'un arrêt des échanges commerciaux, et de la coupure des banques américaines permettant le change de dollars vers le rouble, ce qui occasionne de facto la saisie des comptes.Le cours du rouble s'effondre, jusqu'à ce que la banque centrale parvienne à stabiliser cette chute en remontant le taux directeur à 20%. Pour atténuer les turbulences le gouvernement russe a également interdit les paiements en dollars.Le 4 mars, la décision est prise d'adosser le rouble à l'Or, supprimant au passage la TVA sir les transactions en or. De cette manière les épargnes peuvent être sécurisées en achetant de l'or. Surtout, la cours du rouble est ainsi stabilisé.En faisant cela, la première conséquence est de rendre inutile le pétrodollar. En effet la Russie représente 12% du marché mondial de pétrole, 15% des produits raffinés, 20% du gaz naturel, le blé, le platinium, le titane et l'aluminium, qui ne pourront plus être vendus en dollars /204165. C'est aussi un exportateur de nickel, palladium, tungstène et uranium enrichi /204283. Et d'Or /204368.Cela ouvre la voie à la Chine pour demander à l'Arabie Saoudite de faire de même, acheter son pétrole en yuan.En Europe, devant la flambée des prix, les énergies renouvelables paraissent rentables, sans avoir besoin de subventions, selon le plan du "Great New Deal". /203299L'Arabie Saoudite accepte le paiement en yuan, le 15 mars (/204367) étant donné que leur propre monnaie, le riyal, est lié au dollar qui va s'effondrer, et que le gel des réserves de change effraie la Chine. D'autre part l'Arabie Saoudite fulmine contre le Pentagone à cause de l'affaire Kashogi et du désastre au Yémen, où les armes américaines ne marchaient simplement pas. /206642

Ils sont donc amenés à envisager un pétroyuan pour payer leurs importations. En procédant de la sorte ils ouvrent la voie aux autres pays qui veulent diversifier leur panier de réserves.

À ce jour 80% des ventes de pétrole se font encore en dollars, et cette proportion n'est promise qu'à baisser à l'avenir.

/204181

La deuxième salve de sanctions a consisté à couper la Russie de SWIFT, le réseau de paiements internationaux. C'est un système de messagerie qui permet de faciliter les transactions monétaires. /206632

La Russie avait déjà une alternative qui étaient peu usitée et qui depuis est devenue centrale dans les échanges commerciaux avec la Chine, l'Inde et les pays arabes. La banque centrale russe a également édité, très rapidement, un nouveau moyen de paiement, la carte Mir, en réponse à l'arrêt de l'utilisabilité des American Express.

La réaction de la Russie à cette deuxième salve a été encore plus paradigmatique, et à la fois encore plus simple. Il s'est agit de réclamer le paiement des exportations en rouble uniquement. La réflexion était que, ne pouvant plus convertir le dollar en rouble, et les comptes étant saisis, il n'était pas question de livrer le gaz gratuitement.

En réponse, les EU menacent la Chine de sanctions si "ils tendent la main" à la Russie, ce qu'elle rejette vigoureusement, en leur faisant remarquer que Taïwan peut très rapidement redevenir chinoise. /204367

La saisie des actifs de la BCR n'a pas non plus eu la portée escomptée sur les réserves d'or russe, qui sont stockés en Russie, mais menace ceux qui sont stockés aux états-unis.

Le troisième levier qui a été activé pour terminer de ruiner le pétrodollar, a été la création d'une nouvelle monnaie d'échange internationaux dont la fourchette de variation de valeur soit rendue extrêmement faible, grâce au fait d'être indexée sur les matières premières des pays qui utilisent cette nouvelle monnaie, tel que l'explique Zoltan Poszar, un expert de Wall Street. /204478

il explique que les conséquences des sanctions étaient prévisibles si seulement "les faucons" avaient pris la peine de consulter les experts de la Fed et de la Bce avant de lancer leurs sanctions. /204478

"L'ordre international fondé sur des règles" est en déroute. L'Union économique Eurasiatique (CEE) conçoivent un nouveau système monétaire, dit "non inflationniste" (/206593).

Le nouveau système financier mondial

Ce système est supervisé par Sergeï Glaziev afin de concurrencer le système de Bretton Woods, qui, en 1971 (avec prise d'effet en 1974) a désolidarisé le dollar du cours de l'or, craint ainsi une monnaie inflationniste, permettant au dollar de devenir une monnaie de référence dans les échanges internationaux, capable d'inférer sur les cours des matières premières.L'Arabie Saoudite, sous l'emprise américaine a été contrainte de lancer une guerre contre le Yémen, et n'est dès lors plus "forcée" de la continuer.L'inde, troisième plus grand importateur de pétrole, s'apprête à acheter à la Russie, moyennant une forte remise, en passant par le nouveau mécanisme rouble-roupie. Elle est incitée à ne plus importer le pétrole Arabe en passant par le pétrodollar. /204368Le casino turbulent américain est remplacé par une monnaie basée sur les actifs réels. Et étant donné les sanctions aléatoires et les saisies de comptes impromptues, le dollar n'est plus considérée comme une monnaie fiable par l'ensemble des pays du Sud.On se souvient de la confiscation des avoirs et de l'Or vénézuélien, et maintenant des Russes, alors qui sera le prochain ?Actuellement, 311 milliards de dollars sont placés à l'étranger, dont la moitié dans des banques non-américaines. Qu'en serait-il si elles agissaient de la même manière envers les États-Unis ?Le pétroyuan est désormais privilégié pour les transactions entre les pays non-occidentaux. Mais ce n'est qu'une étape intermédiaire avant l'instauration d'une monnaie mondiale, basée sur les principes imaginés par Sergeï Glazief.

Dans son ouvrage "Sanctions et souveraineté" il préconisait déjà de dédollariser les réserves de change en remplaçant le dollar l'euro et la livre par de l'or. /204368

Mais la banque centrale russe n'avait pas suivi ces recommandations et devant le vol d'Or qui a eu lieu, d'autant plus que les exportations d'Or promues par une loi du juin 2021 sur l'annulation des exigences liées au rapatriement des recettes, a donné lieu d'autre part à une "fuite d'Or".

La BCR s'est avérée subordonnée au FMI et ne respectait plus pus lois russes. Certains considèrent que c'était un piège tendu aux États-Unis.

Le revirement opéré à l'occasion des sanctions antirusses a pour objectif de retrouver son autosuffisance financière, et une meilleure connectivité avec les pays du Sud, notamment les BRICS. /204368

Le prix à payer pour cela, les 6000 tonnes d'Or russe évadés, perdus et volés, n'est qu'un maigre coût. /204500

"Le système monétaire occidental basé sur le dollar américain comme monnaie
de réserve est sur le point de se terminer dans une supernova inflationniste, car les États-Unis perdent la capacité d'utiliser l'épargne chinoise pour financer leurs déficits budgétaires et commerciaux.
" /204500

Les pays qui paieront le plus cher ce changement de système financier sont les territoires occupés par États-Unis : l'Allemagne, l'Italie et le Japon (/205295). Pour la France, cela dépendra des prochaines élections.

Par leurs sanctions, les EU et l'UE ont rompu leur accords légaux avec la Russie ; en plus d'avoir confisqué les réserves de change de la Russie.

Le refus de payer le gaz en roubles entraînera une grave crise des défauts de paiements et des faillites en série au niveau mondial, ce qui va se traduire par une rupture "colossale" des chaînes d'approvisionnement dans tout l'Occident. /205295

Pour verrouiller cet état de fait, afin de prévenir la dévaluation artificielle du rouble, la Banque centrale russe a fixé le prix du grappe d'Or à 5000 roubles, alors que le cours de l'Or ne cesse de grimper.

"L'avènement d'une monnaie de réserve mondiale fondée sur les ressources
signifie, en résumé, que 13% de la planète ne domineront plus les 87%
restants.
" /205295

D'après Sergeï Glazief, une telle mutation civilisationnelle ne se produit qu'une fois tous les cent ans. /205401

"Nous travaillons actuellement sur un projet d'accord international sur l'introduction d'une nouvelle monnaie mondiale de règlement, arrimée aux monnaies nationales des pays participants et aux biens échangés qui déterminent les valeurs réelles. Nous n'aurons pas besoin des banques américaines et européennes. Un nouveau système de paiement basé sur les technologies numériques modernes avec une blockchain se développe dans le monde, où les banques perdent de leur importance. Le capitalisme classique basé sur les banques privées appartient au passé. Le droit international est restauré."

Idéologiquement, le capitalisme néolibéral cède la place à un socialisme qui respecte les intérêts privés. Philosophiquement, la domination par l'ingérence, la vassalité et l'intrusion psychologique, cède la place à une approche pragmatique des besoins réciproques et un respect des libertés fondamentales.

Glazief : "En sacrifiant leurs propres valeurs démocratiques, les gens sont forcés
d'obéir aux ordres. Les organisations internationales, dont l'Organisation mondiale de la santé, sont utilisées comme une sorte de base pour assembler un gouvernement mondial qui serait subordonné au capital privé."

Il raconte la naissance du concept de monnaie mondiale non-inflationniste :

"Il y a 10 ans, lors du Forum économique d'Astana, nous avons présenté le rapport « Vers une croissance durable grâce à un ordre économique mondial équitable » avec un projet de transition vers un nouveau système financier et monétaire mondial, où nous avons proposé de réformer le système du FMI sur la base de ce qu'on appelle les droits de tirage spéciaux, et sur la base du système modifié du FMI - pour créer une monnaie de règlement mondiale."

Concernant le fond, Glazief répond à Pepe Escobar de cette manière (/206228) :

"La différence entre nos approches est très simple. Ses politiques [à Elvira Nabiullina, reconduite à la BCR dominée par le FMI] sont une mise en œuvre orthodoxe des recommandations du FMI et des dogmes du paradigme de Washington, tandis que mes recommandations sont fondées sur la méthode scientifique et les preuves empiriques accumulées au cours des cent dernières années dans les principaux pays."

Pour lui (contrairement à ce qui a été dit précédemment en supputant une "stratégie") : "La politique monétaire de la BCR, mise en œuvre conformément aux recommandations du FMI, a été dévastatrice pour l'économie russe. Les désastres combinés du « gel » d'environ 400 milliards de dollars de réserves de change et de plus de mille milliards de dollars siphonnés de l'économie par les oligarques vers des destinations offshore occidentales, se sont produits dans le contexte de politiques tout aussi désastreuses de la BCR, qui comprenaient des taux réels excessivement élevés combinés à un flottement géré du taux de change. Nous estimons que cela a entraîné un sous-investissement d'environ 20 000 milliards de roubles et une sous-production de biens d'environ 50 000 milliards de roubles".

Il décrit dans cet interview les trois étapes du projet de construction de la nouvelle monnaie mondiale :

1 - les pays se rabattent sur l'utilisation de leurs monnaies nationales

2 - création de nouveaux mécanismes de tarification (basés sur un panier de matières premières - eau, céréales, sucre, etc.) et un système de critères)

3 - création de la monnaie numérique "fondée sur un accord international reposant sur des principes de transparence, d'équité, de bonne volonté et d'efficacité".

Enfin, et c'est sans doute le plus impressionnant, "la participation au nouveau système économique ne sera pas limitée par les obligations de l'ancien système. Les pays du Sud émergent peuvent être des participants à part entière du nouveau système, quelles que soient leurs dettes accumulées en dollars, en euros, en livres et en yens. Même s'ils devaient manquer à leurs obligations dans ces monnaies, cela n'aurait aucune incidence sur leur cote de crédit dans le nouveau système financier".

C'est à dire, selon ses propres mots, que nous assistons à l'émergence d'un nouvel ordre économique mondial. (Il n'a rien à voir avec le bien nommé "nouvel ordre mondial", qui n'est pas économique mais plutôt fondé sur la soumission.)

Roublegaz


Pour contourner les sanctions et permettre le paiement du gaz en roubles, Gazprombank se charge de convertir des dollars en roubles et de les transférer à Gazprom. /205402Ce mécanisme, appelé Roublegaz, n'est que la première étape de l'instauration du système de Glazief. À ce stade, il n'y a plus de retour en arrière possible, puisque ce système intéresse de plus de pays satellites, comme l'Iran, la Turquie, le Venezuela, et même le Salvador et le Nicaragua, qui prônent la souveraineté économique. /206568L'Allemagne, qui dépend à 40% du gaz russe (/205402), et en tire un profit de 240 milliards de dollars annuels (/206376), ne peut non plus se permettre le luxe de s'en passer.L'Algérie, la Norvège, le Qatar ou le Turkménistan dépendent surtout des produits pharmaceutiques de ce gaz. /205402Pour Pepe Escobar, "la Grande Réinitialisation de Davos a été brisée par la Réinitialisation russe". Principalement, la Russie a émit une liste de "pays hostiles", qui ne peuvent plus faire autrement que d'utiliser le Roublegaz. Ces pays sont : Australie, Albanie, Andorre, Grande-Bretagne, tous les membres de l'Union européenne, Islande, Canada, Liechtenstein, Micronésie, Monaco, Nouvelle-Zélande, Norvège, Corée du Sud, Saint-Marin, Macédoine du Nord, Singapour, États-Unis, Taïwan (province de la Chine), Ukraine,
Monténégro, Suisse, Japon. /205065

Leurs économies sont condamnées sans les matières premières russes.

Pour Dmitry Orlov, "cela brisera le marché de l'Or papier et son système de manipulation des prix de l'Or".

L'objectif initial de forcer la Russie à vendre son Or pour surmonter les sanctions s'est retourné contre eux "comme un boomerang", selon les mots de Dimitri Medvedev, qui ont été très largement repris par les analystes. Pepe Escobar parle de "prise de Judo".

Tom Luongo ajoute que non seulement cela n'a pas marché, mais maintenant la Russie va devenir un grand importateur d'Or. /205133

Jusqu'ici, les producteurs de toutes les richesses minérales étaient les esclaves de l'argent de Bruxelles, de la City, et de New York.

Mais désormais le Roublegaz peut se renforcer indépendamment du dollar américain.

Le dollar, qui valait initialement 80 roubles, a baissé à 75 (son niveau d'avant les sanctions) puis 70₽ maintenant.

Cela crée une boucle de renforcement d'incitation pour acquérir ou garder des roubles. Par corolaire, le marché de l'Or-papier décroît rapidement ce qui fait s'effondrer le système financier basé sur l'or hypothéqué à effet de levier. /205133

Les russes et les commerçants étrangers sont incités à conserver leurs roubles. Les spéculateurs de Moscou, Shanghai, Singapour, Mumbai et Hong-Kong en tirent de très grands profits.

La prochaine étape (au 30/03/2022) sera que la Russie nationalise la Banque de Russie, ce qui en fera la seule source de roubles internationaux.

Pour Tom Luongo, c'est le racisme inhérent des gens de Davos (Powell et Lagarde) qui les empêche d'admettre que de simples "colonies" puissent leur dicter leur comportement, et continuent l'escalade de la confrontation, notamment en inondant l'Ukraine d'armes et les médias de mensonges.

Michael Snyder acquiesce à l'idée que le système financier mondial vient de changer à jamais (/205190).

Plus jamais, la Russie n'acceptera des dollars.

Le 11 avril 2022, le système SWIFT est totalement abandonné par la Russie et l'Inde. /205218

Le désastre économique qui arrive


Il n'est pas facile de remplacer 1550 térawattheures de gaz russe. Cela représente 40% de la consommation d'énergie en Europe. Le gaz liquéfié, en provenance de la fracturation des sols (qui est très polluante et coûteuse) ne parviendra à combler ce manque que très partiellement, et à un prix très élevé.Le chancelier allemand Olaf Scholz a prévenu qu'une interdiction des importations d'énergie russe déclencherait une récession économique dans toute l'Europe (/205130). Mais le risque est bien plus large. La crise énergétique sera mondiale. L'inflation sera galopante. Outre le pétrole et le gaz (ce dernier étant utilisé pour fabriquer des produits azotés qui servent de nutriments aux cultures), les métaux et les céréales vont aussi connaître une inflation qui pourra, dans certains cas, se superposer.Le prix du baril pourrait atteindre les 200 dollars.De son côté, le Russie n'aurait aucun mal à rediriger ses exportations vers l'Asie.

Après quelques contorsions, des EU envers le Venezuela (/206648), et de l'Allemagne envers le Qatar (/206156), celle-ci décide finalement d'accepter le paiement du gaz en rouble, selon le dispositif Roublegaz. La France, qui recule le moment des sanctions après les élections, continuent de le payer en euros (/205297).

La position de l'Allemagne est assez complexe, car d'un côté son président appuie les sanctions, et subit une fin de non-recevoir de la part du Mali qui se retire de ses engagements (/206197), sous l'impulsion de son président Steimeier qui a joué un rôle prépondérant dans l'armement de l'Ukraine et le sabotage des accords de Minsk (/206019), et d'autre par son premier ministre Scholz qui semble tirer la corde dans l'autre sens, et annonce qu'il continuera quand même à acheter du gaz usse (/206376). Puis finalement même Steinmeier s'est fait rembarrer par l'Ukraine (qui réagit aux instructions des EU) /206395.

L'ancien système (appelons-le désormais comme cela), dit "le modèle économique néolibéral" a échoué, et ne connaîtra plus jamais de croissance, selon Daniel Finn et Cédric Durand (/206433).

Dans le principe général, un krach financier ne se gère que d'une manière, la seule connue, rehausser les taux d'intérêts afin de contenir l'inflation. En réduisant les actifs financiers, il est possible d'atténuer le choc, mais cela engendre une grande instabilité. Sinon, le désendettement de l'économie peut se produire par la hausse des prix. Et enfin, expliquent les auteurs, il y a "la méthode Blackrock" qui consiste à créer des partenariats public-privés, où en gros pour résumer, les profits vont au privé, et les dettes au public.

Le capitalisme chinois, lui, a su contrôler l'accumulation toxique de capital, et garder une dynamique qui lui permet de penser à long terme [gros résumé].

Wiliam Engdahl fait remarquer qu'il existe un lien linéaire entre le diésel et le PIB, car presque tout ce qui sort d'une usine utilise du diésel. (/206428)

Avant la guerre, la Russie fournissait 60 à 70% de son diésel à l'Europe.

Sans diésel, aucune livraison de marchandise ne peut avoir lieu. (Note : ou alors ça va coûter beaucoup plus cher.)

Les stocks de diésel étaient déjà très bas avant le début de la guerre, inférieurs de 21% à la moyenne saisonnière aux États-Unis, de 8% en Europe, et 32% à Singapour, soient dans l'ensemble 110 millions de barils en moins.

Aux États-Unis, les sanctions ont amputé 20% des importations de diésel.

En Allemagne, son prix est passé de 1.50€ le 27 décembre 2021 à 2.10€ le 4 avril.

La situation se dirige vers un rationnement des parts restantes.

C'est une crise énergétique comme il n'y en n'a pas eu depuis cinquante ans.

Il termine en disant : "La véritable économie mondiale industrielle interconnectée ne ressemble pas à un jeu de Lego. Elle est hautement complexe et finement réglée, et cette finesse est systématiquement détruite, et tout porte à croire que c'est délibéré. Bienvenue dans le programme eugénique de la Grande Réinitialisation de Davos".

Selon les cinq principaux instituts économiques allemands, l'arrêt à court terme des importations de gaz bon marché plongera le pays dans une "sévère récession". (/206168)

Le PIB de l'Allemagne en 2023 pourrait reculer de 2.2%, soit une perte de création de richesse de 220 milliards d'euros. Seules 40% des pénuries pourraient être compensées à un prix plus élevé.

BASF a déclaré qu'il cesserait sa production en Allemagne si cela se produisait.

Les chaînes d'approvisionnement mondiales sont sous tensions, et de nombreux secteurs ont déjà du mal à s'approvisionner en matières premières.

En octobre 1923 à Berlin, se posait la question "Combien de millions de marks faut-ils pour un timbre ?". Extrait du Tournant Obscur, de Victor Serge. (/206136).

À la sortie de la deuxième guerre mondiale, les États-Unis capitalistes se sont inféodés en créant l'Union Européenne, prétextant faire oublier le nazisme, et imposant son système. C'est aussi un tournant dont parle Glazief.

Aujourd'hui, dans son "délire écologiste", explique Dominique Muselet, l'Allemagne a fermé ses centrales nucléaires pour "protéger le climat". Au même moment, la crise ukrainienne provoque une grave pénurie énergétique. L'Europe va-t-elle être renvoyée à l'âge de pierre ? (/205787)

Le gazoduc Nord Stream 2 a été fermé, avant-même sa mise en service, afin d'appliquer avec zèle les instructions de sanctions dictées par l'UE. La filiale de Berlin de Gazprom a été nationalisée, juste après que Gazprom s'en soit retirée. La seule solution qui reste désormais est de traiter avec le géant russe et de payer en roubles.

Dans son article "le dollar dévore l'euro" (/205747), l'économiste de renommée internationale Michael Hudson explique, non sans humour, qu'on ferait mieux d'abandonner tout de suite l'euro :

"Maintenant que l'Europe a pratiquement cessé d'être un État politiquement indépendant, elle commence à ressembler davantage au Panama et au Liberia - des centres bancaires offshore « pavillon de complaisance » qui ne sont pas de véritables « États » car ils n'émettent pas leur propre monnaie, mais utilisent le dollar américain. Puisque la zone euro a été créée avec des menottes monétaires limitant sa capacité à créer de l'argent à dépenser dans l'économie au-delà de la limite de 3 % du PIB, pourquoi ne pas simplement jeter l'éponge financière et adopter le dollar américain, comme l'Équateur, la Somalie et les îles Turks et Caicos ? Cela donnerait aux investisseurs étrangers une sécurité contre la dépréciation de la monnaie dans leur commerce croissant avec l'Europe et le financement de ses exportations".

En effet, puisque le coût de l'euro va augmenter par rapport au dollar, les intérêts augmenteront, les investissement baisseront, et l'Europe va devenir dépendante des importations, au point de se transformer en une "zone morte économique" [8 avril 2022]. (/205747)

Le 16 avril, Dimitri Orlov parle aussi de "cadavres économiques" (/206580) :

"À ce stade, certains historiens pourraient ressortir de vieux livres poussiéreux et affirmer que ce genre de politique commerciale insensée est à l'origine de la Grande Dépression. Je ne suis pas d'accord et j'appelle cela l'effondrement commercial, qui suit l'effondrement financier avec sa perte d'accès au crédit causée par le risque excessif de la contrepartie.

Poutine voudrait que ce problème soit réglé. Il veut que l'Europe soit maintenue en vie parce que la Russie n'a pas besoin d'un énorme cadavre en décomposition à sa frontière occidentale."

Le 11 avril, dans "La révolution menant à une monnaie soutenue par les matières premières commence" (/206139), un des articles les plus complets sur ce sujet, Alan Macleod fait également la même remarque :

"Quant à la conviction de Pozsar selon laquelle nous sommes à la veille d'un Bretton Woods III, on peut comprendre la logique de son argument. La bulle financière fortement gonflée marque la fin d'une époque, qui a duré cinquante ans. Les taux d'intérêt négatifs dans l'UE et au Japon ne sont pas seulement une anomalie, mais le dernier coup de dés pour le yen et l'euro. La BCE et la Banque du Japon ont des portefeuilles d'obligations qui ont effacé leurs fonds propres, et même plus. Toutes les banques centrales occidentales qui se sont livrées à l'assouplissement quantitatif ont le même problème. En revanche, la banque centrale russe et la Banque populaire de Chine n'ont pas procédé à des assouplissements quantitatifs et ont des bilans sains. La hausse des taux d'intérêt dans les monnaies occidentales est rendue plus certaine et leur hauteur encore plus grande par la réponse agressive de la Russie aux sanctions occidentales. Elle accélère la faillite de l'ensemble du système bancaire occidental et, en faisant éclater la bulle financière fortement gonflée, ne laissera guère plus que des économies vidées de leur substance."

David Stockman, dans son article "L'imminent krach boursier aux proportions bibliques" (/205955), explique que la FED a une décision a prendre, soit laisser l'inflation monter en flèche, soit resserrer sa politique monétaire et faire s'effondrer le marché boursier.

Mais que, qu'elle le veuille ou non, la bourse s'effondrera au final. Elle a cru pouvoir gérer l'inflation par un énorme assouplissement quantitatif, à raison de 120 milliards par mois, à des taux énormes, et ne pourra échapper à une inflation à deux chiffres. Ce qui signifie que les épargnes sont divisées par dix au minimum, décalez juste la virgule d'un cran. Ou deux...

Mais de toutes manières elle devra augmenter ses taux d'intérêt durant au moins les trois au quatre prochains trimestres.

Il pense qu'il va se passer la même chose que lors de l'explosion de la bulle internet au début des années 2000, quand la baisse brutale du NASDAQ a donné envie d'investir alors que finalement, la baisse a continué pendant plusieurs années.

Sauf qu'aujourd'hui cela se joue avec des sommes stratosphériques.

La dette publique est de 88000 milliards de dollars aux États-Unis, soit 370% du PIB.

Il appelle cette dette publique "la deuxième tour de dettes", et ces deux tours, avec les actifs boursiers, pèse sur l'économie des ménages, des entreprises non-financières, des gouvernements, et des institutions financières.

Avec les hausses de taux d'intérêts, ce sont les hypothèques des ménages et des entreprises qui subiront le choc.

Pour terminer sur une remarque de Alasdair Macleod (/206139), l'avenir, est à l'OCS, tandis que l'économie occidentale, c'est le passé :

"La conséquence est une bataille finale dans la guerre financière qui se prépare depuis des décennies. On ne sanctionne pas la plus importante source d'exportation d'énergie au monde et un important fournisseur d'un large éventail de produits de base et de matières premières, dont les céréales et les engrais, sans nuire à tout le monde sauf à la cible visée. Pire encore, la cible visée a en la Chine un ami extrêmement puissant, avec lequel la Russie est partenaire dans le plus grand bloc économique du monde - l'Organisation de coopération de Shanghai - qui gère un marché en développement de plus de 40 % de la population mondiale. C'est l'avenir, pas le passé : le passé, c'est l'esprit occidental, la fiscalité punitive, les économies dominées par l'État et sa bureaucratie, le socialisme anticapitaliste, et les magiques arbres à fric pour aider à payer tout cela."